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hervé juvin - Page 7

  • Quand la pandémie devient la tempête parfaite...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré à l'utilisation de la pandémie de coronavirus pour la mise en œuvre  d'un programme drastique de réduction des libertés.

    Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Il a également publié un manifeste intitulé France, le moment politique (Rocher, 2018).

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    Quand la pandémie devient la tempête parfaite

    L’agressivité, la violence même des représentants du Bien sur les antennes doivent nous alerter.

    Nous n’entrerons pas ici dans les débats sur la protéine spike, sur l’hydrogel, l’oxyde de graphène ni sur les divers composants des «vaccins» actuels anti-SARS2-Covid, pas plus que nous n’évoquerons les travaux chinois évoquant la possibilité d’intervenir à distance sur le corps humain, à partir précisément des composants associés dans des vaccins imposés à la population dans un état de désinformation systématique.

    La science est loin d’avoir les mains blanches

    Si le sujet sociétal est celui de notre rapport à la mort, le sujet politique est le rapport de la science et de la liberté. Ces deux autorités, les seules que nous reconnaissons dans le monde moderne, selon Pierre Manent (dans le magistral « Petit manuel de philosophie politique »), n’ont jamais entretenu des rapports simples. Toujours, la science a prétendu détenir le Vrai et le Bien, et pouvoir au nom du Vrai et du Bien limiter, cantonner, confiner les libertés.

    Et toujours la Liberté a rappelé que les sciences ne s’accordent pas entre elles, toujours elle a évoqué l’histoire, les 100 000 sorcières brûlées au nom de la science, la persécution des homosexuels au nom de la science, l’enlèvement des enfants des minorités indiennes ou aborigènes au nom de la science, et les ravages écologiques provoquées par une « science » économique sortie de la nature, de la raison et du sens commun. Sur trois des dogmes de la « modernité », la science est loin d’avoir les mains blanches. Les pires politiques de discrimination raciale du XXe siècle ont trouvé leur fondement dans les travaux de la science la plus officielle du XIXe et du début du XXe siècle.

    Les pires politiques de colonisation, d’ethnocide et d’extermination de la diversité culturelle et religieuse ont elles aussi été nourries des travaux scientifiques sur le progrès, la civilisation et les Lumières de la Raison. Ceux qui affirmaient « au nom de la science » la nécessité des lois criminelles qu’ils promulguaient n’avaient pas d’autres accents que ceux des dirigeants européens, Castex et Véran en tête ; eux aussi ont « la science » avec eux (l’affirmation devrait faire frémir ceux qui sont Bachelard et sa définition de la science comme une accumulation d’erreurs corrigées) !

    Quant aux ravages subis par l’environnement, l’extinction de la biodiversité et les menaces sur les conditions de l’existence humaine, comment ne pas voir qu’ils résultent pour la plus grande part de l’avènement d’une « science économique » qui ne se connaît ni maître, ni limites, au point de devenir la pire menace que nous affrontons ?

    Nous n’échappons pas au conflit déchaîné entre la Science et la Liberté, et nous savons que si la Liberté ne prévaut pas, si la démocratie ne tient pas en laisse la technique, c’est l’existence même de l’humanité que la science condamnera. Et la Liberté d’ajouter ; de même que les plus grands crimes du XXe siècle ont été perpétrés au nom de la science, du marxisme scientifique transposé en communisme soviétique, et du racisme scientifique transposé en nazisme, les plus grands crimes du XXIe siècle sont en train d’être commis au nom du scientisme, de la privatisation de la vie, d’intérêts privés qui s’approprient la santé publique, et d’une technique qui ignore toute limite.

    Une division de la société

    Nous ne sommes pas dans de vaines spéculations politiques. Nous sommes dans la révélation quotidienne du vrai visage de ceux qui nous gouvernent — de beaucoup trop d’entre eux. Enfermer les non-vaccinés dans des camps de détention sans sortie ni visite possible. Obliger les non-vaccinés à porter un bracelet de couleur, ou une puce électronique permettant de tracer leurs déplacements. Priver les non-vaccinés de soins hospitaliers et d’accès aux urgences. Préparer des fiches administratives de dénonciation des non-vaccinés et de signalement aux autorités des manifestations de résistance à la vaccination.

    Exclure les non-vaccinés de toute vie sociale, en faire des parias de la bonne société. Voilà un petit florilège de ce qu’en France comme dans l’Union européenne, les dignes représentants de partis dits de gouvernement nous assènent chaque jour au nom de la science. Voilà les dispositions liberticides, comme la loi du 21 décembre imposée au Parlement français qui prévoit par simple décret la promulgation d’un état d’urgence sanitaire permettant entre autres aux préfets d’enfermer et de déporter les non-vaccinés dans des centres de rétention !

    Voilà ce que des Ministres en exercice, des élus, des Présidents, martèlent à chaque intervention, au nom de la science. Et ils s’en réjouissent ! Il faut voir la satisfaction malsaine avec laquelle ils vitupèrent leurs ordres, tout à l’extase du pouvoir sans limites qu’une panique provoquée et entretenue leur offre ! Et voilà désignés les méchants d’où nous vient tout le mal, contre lesquels tout est justifié, tout est permis au nom de la science — certains ne sont pas loin de dire que s’ils en meurent, c’est tant mieux. Et voilà aussi l’étrange soumission de députés européens qui, sur tous les fronts et tous les continents, contre la Chine, la Russie, l’Iran, etc., n’ont à la bouche que la défense des libertés et le respect des droits fondamentaux de la personne humaine — accompagner les mourants, pratiquer son culte, se réunir, se déplacer, n’est-ce pas là le fond de la dignité humaine ?

    Et voilà le silence assourdissant d’élus français qui sont là, et là d’abord, pour défendre des libertés toujours menacées, toujours à reconquérir. À part, en France, François Xavier Bellamy et Sébastien Meurant, à part Marine Le Pen et Éric Zemmour, qui renvoie l’arrogance scientiste des vaccinistes au respect des libertés fondamentales ?

    Le COVID emporte le peu de démocratie

    Ce que le catastrophisme écologique manipulant les données du réchauffement climatique pour servir le projet d’un gouvernement mondial n’avait pu réaliser,

    Ce que les folles annonces du transhumanisme et de « la mort de la mort» venues de Google n’avaient pu obtenir,

    Ce que l’assujettissement aux réseaux, aux techniques d’ingénierie sociale et à leur propagande de masse n’avait pas suffi à garantir,

    La panique entretenue par l’épidémie de COVID19 est en train de le permettre, tempête parfaite qui peut tout emporter — et d’abord, le peu de démocratie qui nous reste.

    Qui ose s’étonner si les bilans mondiaux à paraître illustrent tous le recul, moins des démocraties elles-mêmes, que de la confiance des populations dans ce qui s’est appelé démocratie, et se noie sous les prescriptions administratives ! Pour n’avoir aucun doute sur la réalité de l’opération, il suffit d’entendre ces conseillers américains évoquer le redéploiement des troupes basées en Afghanistan en Afrique… pour forcer la vaccination de la population africaine ! Il suffit de constater comment les gouvernements des pays occidentaux ont successivement réduit, puis interdit, des traitements qui étaient susceptibles de prévenir, de limiter les effets inflammatoires, si ce n’est de guérir le COVID, mais qui échappaient aux « big pharma », notamment parce que tombés dans le domaine public.

    Pas question qu’un médicament à 7,50 euros vienne concurrencer un traitement à plusieurs centaines d’euros ! Il faut aussi mesurer la dégradation du métier de médecin, devant l’appropriation par les industriels du contrôle des prescriptions, des prises de parole, des recherches, et la soumission en cours de tout le corps médical aux seuls intérêts de Big Pharma — et de ses actionnaires pour lesquels toute menace sur la santé humaine est d’abord une promesse de rendement — les agissements de Gilead et d’autres laboratoires, depuis le début de la crise, disent tout à ce sujet ; la fin des indépendants est programmée, rien ne doit limiter le contrôle de la finance sur la vie humaine — puisqu’elle fait le travail de Dieu ! Mais qu’est-ce qu’une médecine devenue le voyageur de commerce des laboratoires pharmaceutiques ?.

    D’Elsevier au groupe Murdoch, il faut enfin considérer le lien que les groupes de presse éditeurs des plus prestigieuses revues scientifiques « à comité de lecture », mais qui tirent leurs bénéfices de magazines scientifiques gratuits sponsorisés par les industriels et les labos, ont entretenus avec les grands intérêts publics et privés pour ne publier que les articles favorables à la vaccination. L’un des plus reconnus, The Lancet, vient d’être obligé de l’avouer, ayant ouvert ses colonnes sans relecture ni validation scientifique à un Américain, Peter Daszak, lié au pouvoir chinois, en conflit d’intérêt manifeste, qui a publié un article aussi autoritaire qu’infondé, pour interdire d’évoquer toute fuite de laboratoire à Wuhan, et pour accréditer la thèse d’un virus naturel, thèse aujourd’hui formellement démentie (lire Tyler Durden, Zerohedge, 25 décembre 2021). 

    Et il suffit d’anticiper la mise en place du pass numérique obligatoire, conditionnant toute vie sociale, assurant un traçage permanent et universel des individus, mettant fin à tout ce que les révolutions des Lumières avaient assuré comme libertés individuelles et publiques (voir par exemple l’annonce par une société d’armement du « e wallet », identifiant numérique individuel disant tout, tout, tout de chaque individu), pour le comprendre.

    Entre la liberté et la science, le débat est plus que jamais d’actualité. Et si un continent vieillissant, incapable de tenir ses frontières, choisit la soumission à la science plutôt que la liberté devant la mort, nous saurons ce que vaut une civilisation qui n’est plus capable de reconnaître ses ennemis — ceux qui privatisent la santé et la vie au nom du rendement du capital.

    Rien.

    Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 4 janvier 2022)

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  • La Nation, l’État, le droit ou le désordre juridique européen...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré au conflit juridique entre l'Union européenne et certaines des nations qui la composent.

    Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Il a également publié un manifeste intitulé France, le moment politique (Rocher, 2018).

     

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    La Nation, l’État, le droit ou le désordre juridique européen

    Le futur de l’Europe se joue-t-il en Pologne ?

    L’actualité le suggère. Depuis l’arrêt de la Cour de justice polonaise du 7 octobre dernier considérant les articles 1 et 19 du traité de l’Union européenne contraires à la Constitution polonaise, la Pologne est sous le feu des maximalistes de l’Union européenne, au nom du principe ; « toujours plus d’Union » contre lequel nul ne saurait s’élever. Il est tentant de reprendre la longue histoire d’arrêts contradictoires, depuis « Costa contre Enel » de la Cour de Justice des Communautés européennes de 1964 établissant en effet le principe de supériorité des traités européens sur les lois nationales passées et à venir, jusqu’aux arrêts des trois plus hautes juridictions françaises limitant cette supériorité aux domaines de la compétence européenne (principe de la compétence des compétences), et aux arrêts successifs de la cour constitutionnelle allemande de Karlsruhe rappelant le principe essentiel ; la souveraineté in fine appartient au peuple. Mais à quoi bon ? Derrière les arguties juridiques, c’est de politique qu’il est question. Si la décision des juges polonais a suscité une réponse agressive de l’Union, c’est qu’elle touche à l’essentiel sur trois points au moins.

    La légitimité du droit

    Le premier est la source du droit. D’où procède le droit, quelle est la source des lois, et où se fonde la légitimité du droit ? Le général de Gaulle aurait donné à Jean Foyer, premier garde des Sceaux de la restauration gaulliste de 1958, la consigne définitive que rapporte Alain Peyrefitte ; «  D’abord la Nation. Ensuite l’État. Après, le droit ». Nous en sommes loin. Figure obligée de l’Union, « l’état de droit » entend précisément que la Nation et l’État soient soumis au droit. Il s’agit d’en finir avec la raison d’État, de borner le débat et le suffrage, d’encadrer la démocratie.

    Et il s’agit d’instituer une autonomie du droit à l’égard des pouvoirs politiques nationaux. C’est ainsi que l’État français est poursuivi pour ne pas remplir ses « obligations » concernant la lutte contre le changement climatique — quelles obligations au juste ?

    C’est ainsi qu’un tribunal a jugé que la réforme de l’assurance chômage enfreignait le droit — mais quel est ce droit à la main des juges qui s’imposerait au gouvernement de la France ? La question de la source du droit, et de cet « état de droit » devenu le « Sésame ouvre toi » de la bonne réputation politique, est savamment évitée. Car d’où vient ce « droit » qui s’imposerait aux Nations et aux États, et pourrait invalider le suffrage universel ? Qui a donné aux juges, aux Cours et à l’Union l’extraordinaire pouvoir de dire le droit ? Si la source du droit n’est pas la volonté des peuples exprimée par le suffrage universel, où est-elle ? Tour à tour, ou conjuguant leurs efforts, des organisations internationales, des institutions supranationales, comme l’Union européenne, des ONG et des Fondations, des Cours constitutionnelles et des magistrats entendent dire le droit, décider du droit des Nations, et imposer leurs jugements contre la volonté des peuples, notamment en interprétant à leur guise des « déclarations des droits », texte lyrique, proclamations de combat, jamais conçus pour être traduits en droit positif.

    Il faudra pourtant le reconnaître ; chaque fois que l’Union en appelle aux « valeurs », chaque fois qu’elle invoque « l’état de droit », et la primauté des traités, chaque fois la liberté des peuples recule, l’autonomie des Nations s’étouffe, et le gouffre du droit s’ouvre devant l’Union.

    Restreindre toujours plus les nations

    Le second est la hiérarchie des normes. La tentative de l’Union européenne d’étendre sans cesse le domaine du droit interroge l’affirmation de Carl Schmitt selon laquelle celui qui détient le pouvoir est celui qui peut décréter l’état d’urgence. Toute occasion est bonne, du COVID19 au réchauffement climatique, de la crise des migrants à celle des dettes publiques, pour une Union avide d’ôter aux Nations ce qui demeure leur privilège ; la capacité d’agir. L’Union entend décréter et gérer à leur place l’état d’urgence. Elle empiète ainsi sur les compétences qui demeurent celles des États, selon les termes mêmes des traités ; défense et sécurité, diplomatie, culture, éducation, santé, justice et droit de la nationalité — des compétences sans cesse remises en cause par les ingérences de la Cour européenne de Justice, opérant selon le principe «  tout ce qui est l’Union est à l’Union, tout ce qui est aux Nations est à prendre ».

    C’est ainsi que l’Union s’est saisie du COVID19 pour se mêler de la santé publique, alors même que la santé demeure une prérogative des États membres — mais l’occasion de négocier des commissions avec les « Big pharma » était trop belle ! C’est ainsi que des ONG, des mouvements divers, relayés par l’Union européenne, ont décrété l’état d’urgence contre les gouvernements polonais et hongrois, essentiellement coupables de vouloir décider des lois et des mœurs pour lesquels ils ont été élus, et peu importe si l’Irlande a vécu hors de maintes prétendues « valeurs » européennes » pendant longtemps, du droit à l’avortement au mariage gay.

    Les mêmes sont accusés de réformer un système judiciaire notoirement infiltré par les globalistes — et peu importe si le mode de désignation des juges polonais ressemble à s’y méprendre au processus de désignation des juges en Allemagne (élus sur proposition de la coalition au pouvoir). C’est ainsi que l’Union décide d’un état d’urgence écologique, concrétisé dans un « Green Deal » aux conséquences sociales dramatiques, aux conséquences politiques non maîtrisables, mais qui assure à Mme Van der Leyen de parader dans les cénacles internationaux et d’étaler sa bien-pensance. Et voilà l’un des enjeux de la confrontation entre la Pologne et l’Union ; l’affirmation d’une compétence générale qui ne figure nulle part dans les traités, au nom d’invocations lyriques à l’état de droit, aux Droits de l’homme, aux valeurs européennes, dont le Président E. Macron est d’autant plus adepte qu’elles donnent un chèque en blanc à qui les mobilise, qui justifient toutes les ingérences dans les compétences exclusives des États, et vont jusqu’à délégitimer le suffrage universel, la démocratie représentative, et cette manifestation impitoyable de la volonté populaire qu’est le referendum.

    Le Brexit a effondré le mythe européen

    Le troisième est politique. Le Brexit a ébranlé les certitudes des européistes, et démontré que les Nations qui ont choisi d’entrer dans l’Union peuvent tout aussi bien décider d’en partir. Certains comme Nicole Gnesotto, invitant la Pologne à quitter sans délai l’Union européenne (lire « Le 1 Hebdo », 27 octobre) l’ont bien compris ; l’Union n’est pas une prison, et le serait-elle qu’elle se condamnerait elle-même. Désormais, de même que les États-Unis entreprennent de répondre à l’effondrement de l’universalisme libéral, de même l’Union européenne doit-elle dépasser la formule totalitaire «  toujours plus d’Union » pour donner des limites à son projet, faute de se condamner à l’explosion. De même doit-elle entreprendre de répondre à l’incertitude qui subsiste quant à la forme politique qu’elle entend se donner.

    Car le fédéralisme n’est plus à l’ordre du jour. La déclaration de Jean Claude Juncker selon laquelle « il ne peut y avoir de décision démocratique hors des traités » résonne en arrière-plan des décisions de la Cour de Justice européenne, des mises en demeure du Conseil et de maintes déclarations au Parlement ; c’est de construire un État Nation européen dont il s’agit quand il est question de « souveraineté européenne », de « Défense européenne », de « gouvernement économique européen », même si le mot est tabou et si la chose demeure indéfinie — qui croit vraiment qu’existe un peuple européen ? L’alternative n’est pas la fédération d’États Nation, ni l’Empire, mais bien la définition d’une institution supranationale gouvernée par les États-Nations européens, qui lui délèguent en toute souveraineté les compétences qu’ils définissent et qu’ils peuvent toujours reprendre, et qui en conviennent par des traités qui s’imposent à leurs lois nationales dans les domaines expressément définis, sans qu’il soit porté atteinte à leur identité constitutionnelle, et sans que puisse être remise en cause ou limitée la source unique de légitimité du droit, des lois et des traités ; la volonté populaire exprimée par le suffrage universel et par la voie des représentants élus des Nations ou par referendum.

    Le message est clair ; ce qu’un traité a fait, un traité peut le défaire. Bénéficiaires nets des fonds européens, dont la Pologne a été et demeure de loin la grande gagnante, Pologne et Hongrie sont facilement désignées comme les cibles idéales d’une Union en mal de réaffirmer son autorité et de retrouver une dynamique. Tout serait bien différent si un Etat membre de l’Union, contributeur net, entreprenait de ramener à la raison, à la démocratie et à la légitimité les apprentis sorciers des cours européennes. Pas seulement parce que l’Union serait privée de l’arme de dissuasion que constitue la blocage des financements. Mais bien plutôt parce que l’Union serait contrainte d’argumenter et de se justifier sur le fond. Sortir du système fermé sur lui-même, autoréférentiel, savamment construit pour que l’Union refuse tout débat dont elle n’aurait pas fixé les termes, et soient soustraites à tout jugement dont elle ne déterminerait pas la cause, les arguments recevables, et le jugement final. Accepter que souffle sur les Parlements clos et les Commissions étanches le grand vent des libertés citoyennes. Voici à tout le moins ce qui devrait constituer le cœur d’un projet crédible pour une Union qui accepte ses limites, se confronte à ses résultats, et soit jugée par les seuls légitimes à le faire ; les peuples des Nations d’Europe.

    Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 21 novembre 2021)

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  • Diplomatie casquée...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré au retour du commerce des armes comme instrument de la diplomatie.

    Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Il a également publié un manifeste intitulé France, le moment politique (Rocher, 2018).

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    Diplomatie casquée

    Que nous dit de l’état de l’Europe et du monde la récente et très amicale rencontre Sanchez-Erdogan ? Les marins de la bataille de Lépante (1571) acceptent-ils le basculement espagnol du côté turc, la fourniture de porte-hélicoptères ou de sous-marins par les chantiers espagnols à la flotte turque ? Et, de leur côté, que pensent les Russes d’une alliance entre la Turquie et l’Ukraine qui se traduit entre autres par la livraison des fameux drones TB9 et Anka, ceux qui ont tant contribué à l’écrasante victoire de l’Azerbaïdjan sur l’Arménie au Nagorno-Karabakh, et qui pourraient donner aux Ukrainiens la bien mauvaise idée d’aller titiller les troupes russes massées de l’autre côté d’une incertaine frontière avec le Donbass ? Sans doute comprennent-ils bien l’intérêt du jeu turc, un coup à l’Est, un coup à l’Ouest, mais toujours en brandissant l’étendard de l’Islam, et toujours en quête de l’industrie des hélicoptères et des propulseurs navals que l’Ukraine a héritée de l’URSS…

    Le temps de la diplomatie armée est revenu. L’Union européenne a-t-elle les yeux ouverts sur une réalité qui a toujours été déterminante dans la structure du commerce international ? Les diplomates suivent les marchands d’armes, comme c’est le cas en Italie, au Qatar et ailleurs. Ou bien les marchands d’armes et les industriels suivent les directives de l’État, comme en France, en Russie ou en Espagne, où les chantiers navals sont 100 % propriété d’État… Et les grands contrats d’armement suivent ou précèdent les alliances, pour les concrétiser, pour les affermir, ou pour les renverser ; la France aura-t-elle tirée toutes les conclusions de l’affaire australienne, et de l’écart qui la sépare des « five eyes » ? Mais contrats d’armement et diplomatie se sont singulièrement rapprochés.

    Qu’il s’agisse des alliances en Méditerranée orientale, formidablement réarmée, avec d’un côté la Grèce, Chypre, l’Égypte et la France, de l’autre la Turquie, le Qatar, la Lybie, la Russie, avec Israël, les USA et la Chine en invités permanents. La montée en qualité et en quantité des armes est partout, qu’il s’agisse de la Grande-Bretagne et de son agressivité contre la Russie portée par diplomates, services et industriels de l’armement, avides de réarmer la Pologne avec les missiles fabriqués par MDBA GB venant compléter les Patriot américains, avec des bateaux fabriqués dans les chantiers britanniques pour l’Ukraine en Mer Noire, qu’il s’agisse d’une Allemagne qui risque de concourir encore plus à la subordination totale des industries de la défense et des exportations à l’OTAN, le constat est à une imbrication croissante de la politique et des contrats d’armement, et à des transformations d’alliance remarquables, spectaculaires et parfois déroutantes, la montée en puissance de la Turquie en Afrique, en Méditerranée et en Europe de l’Ouest n’étant pas la moindre.

    La plus spectaculaire est pourtant britannique. La Grande-Bretagne renoue avec des stratégies de la tension, de la division et de la zizanie qui lui sont familières. Finie la comédie de l’adhésion à l’Union européenne et du rattachement au continent eurasiatique, l’alliée des États-Unis en ajoute et en rajoute dans la provocation permanente à l’égard de la Russie et aussi de la Chine. Il suffit de lire les éditoriaux de The Economist pour s’en persuader ! Les colons qui ont pillé, corrompu et détruit l’Empire chinois ne pardonnent pas à ceux qui ont refait l’unité de la Chine et de Hong Kong. Les ennemis héréditaires de l’indépendance européenne et de la puissance continentale, qui ont toujours su diviser pour régner, ont un compte à régler avec l’Union européenne, encore plus avec une Union devenue allemande — pour une large part au service de la puissance et des intérêts industriels et commerciaux allemands.

    Tout le savoir-faire du pays qui a inventé la diplomatie européenne est à la manœuvre en Pologne, en Hongrie, en Roumanie et ailleurs. Avec trois objectifs manifestes, outre celui de montrer aux États-Unis à quel point l’Angleterre sera toujours prête à prendre le grand large et à combattre contre le continent. D’abord celui de diviser l’Europe, en utilisant la vieille tactique de la provocation ; pousser l’Union à réaffirmer le principe «  une Union toujours plus étroite », c’est tout simplement tôt ou tard la condamner à subir la réaction violente de peuples qui n’acceptent de se voir déposséder de leurs compétences que jusqu’à un certain point — et la Grande-Bretagne s’emploie à ce que ce point soit dépassé, par exemple sur les migrations, sur les mœurs, sur l’éducation.

    Ensuite, en sapant la politique allemande qui fait de la Russie, de la Chine et plus largement de l’Eurasie, ses partenaires commerciaux naturels, la source de ses excédents exceptionnels, et un champ d’expansion industriel, financier et aussi politique pratiquement sans limites — si les États-Unis ont eu leur Far West, l’Allemagne a son far east. Enfin, en développant sur le modèle américain un ensemble hétérogène, mais structuré de Fondations, d’ONG, de fonds d’investissement et de fonds de pension, d’entreprises, de sociétés de service, qui assurent à la Grande-Bretagne à la fois le contrôle de technologies décisives, l’information sur des entreprises clé, une vision en profondeur des flux commerciaux et financiers, et les moyens de manipuler l’information, d’orienter le débat public et de mobiliser les opinions publiques. L’histoire dira la part que Grande-Bretagne et USA jouent dans l’obsession militaire polonaise qui conduit à payer pour accueillir une base américaine, multiplier les achats d’armements — avec des fonds européens ? — et doubler les effectifs permanents de son armée, jusqu’à anticiper sur les plus chers désirs de l’OTAN.

    Elle dira la part d’intérêts marchands et de réalisme politique qui conduit à un surarmement de l’Ukraine, à un conditionnement permanent de la population de l’Ouest ukrainien, et aussi voire surtout de la diaspora ukrainienne aux États-Unis et au Canada, au point qu’à tout moment, une escalade est possible que seule, la placidité maîtrisée de l’ours russe laisserait sans sa conséquence légitime — une correction militaire que subiraient les forces ukrainiennes, les Britanniques envoyant comme ils savent bien le faire, en Syrie comme en Afghanistan, les autres se faire tuer à leur place.

    Une seule question l’emporte. Les armes sont-elles faites pour servir ? « Si vis pacem, para bellum » place sur toute réflexion sur ce sujet, et il est certain que l’équilibre des forces, c’est-à-dire l’incertitude sur l’issue d’un conflit, est le plus puissant facteur de paix qui soit. A deux conditions ; d’abord, que la décision soit celle d’acteurs rationnels, qui pèsent froidement les conséquences d’un conflit et acceptent que le prix à payer soit trop élevé pour être risqué, celle de dirigeants suffisamment forts pour ne pas se laisser emporter par des opinions publiques aisément manipulées. Ensuite, qu’aucun belligérant ne se laisse enfermer dans la position où il fera la guerre pour d’autres, enverra ses hommes et ses armes livrer une guerre que d’autres ne veulent pas risquer, et compter les morts que d’autres auront envoyé se faire tuer pour leur propre politique et leurs propres intérêts. Certaines des Nations de l’est européen, longtemps tributaires de l’Empire ottoman pour les unes, assujetties au Reich allemand ou à l’Empire russe puis soviétique pour d’autres, membres de l’Empire austro-hongrois pour d’autres encore, ou souvent les mêmes, ont une longue et tragique expérience d’une telle situation de dépendance stratégique, une expérience sacrificielle dont la Serbie comme la Pologne traînent les cicatrices.

    La situation actuelle suggère moins une réponse que d’autres interrogations. D’abord, celle de l’absolue primauté des intérêts nationaux et des logiques nationales. Seule face à la Turquie, la France a payé pour le savoir ; la diplomatie des armes reste nationale. En matière d’armements comme en matière de conduite de la guerre, et quelles que soient les prétentions de l’OTAN, les Nations demeurent, les Nations décident et les Nations poursuivent les intérêts qui leur sont propres, par des moyens qui leur sont propres. Quelle peut être l’utilité et quelles sont les compétences de l’Union dans ce domaine ? Question ouverte, et à laquelle nul ne répond.

    Ensuite, celle du contrôle des exportations d’armement. Non seulement l’Union européenne n’a rien entrepris pour protéger l’indépendance de ses industriels et combattre leur mise sous tutelle par le complexe américain auquel l’OTAN sert de faire-valoir, mais l’alignement atlantiste de la nouvelle coalition rouge-vert Allemande fait peser les plus graves menaces sur la capacité commerciale d’un des derniers secteurs industriels puissamment exportateurs de la France — ici encore, l’Union se trompe de combat ; lutter contre la règle « ITAR » et l’extraterritorialité du droit américain, plutôt que contre les capacités de ses industriels ! Enfin, le lien entre diplomatie, armement, et interventions directes.

    Le succès israélien dans ce domaine est largement lié à la présence sur le terrain, et sur le front, de « conseillers » et « d’experts » qui ne se contentent pas de démonstration dans les salons internationaux et de signature de contrats dans les bureaux, mais qui participent au déploiement, à l’adaptation et à la mise en œuvre des armes ou des systèmes d’arme qu’ils vendent. Inutile de dire que Russes et Américains, par des biais divers, savent accompagner leurs armes sans fausse pudeur. L’Union européenne se veut pleine de bonnes intentions, sans en prendre les moyens. Elle paralyse davantage les Nations européennes qu’elle ne les aide à développer leurs légitimes stratégies industrielles et militaires. Mais est-il dans son intérêt de refuser de voir cette réalité en face ; dans un XXIe siècle qui ne ressemble pas à ce qu’il devait être, la diplomatie suit les armes, et les armes font la diplomatie ?

    Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 22 novembre 2021)

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  • Inégalités pour tous ?...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°193, décembre 2021 - janvier 2022) est en kiosque!

    A côté du dossier consacré aux inégalités, on découvrira l'éditorial d'Alain de Benoist, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés, des entretiens, notamment avec le sociologue et essayiste Mathieu Bock-Côté... Et on retrouvera également les chroniques de Xavier Eman, d'Olivier François, de Laurent Schang, d'Hervé Juvin, de Nicolas Gauthier, de Bruno Lafourcade, de Guillaume Travers, d'Yves Christen, de Bastien O'Danieli et de Slobodan Despot, ainsi que celle d'Ego Non consacrée à la philosophie politique...

     

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    Éditorial
    La morale, on en meurt ! Par Alain de Benoist

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    L’entretien
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    Carnet géopolitique : Sahel, la France doit-elle partir ? Par Hervé Juvin

    Champs de bataille : Hohenlinden, chant du cygne du général Moreau (I) Par Laurent Schang

    Le rastaqueer. Par Bruno Lafourcade

    Économie. Par Guillaume Travers

    L’implacable douceur de Robert Walser. Le regard d’Olivier François

    Bestiaire : théorie de l’esprit, la preuve par le chien. Par Yves Christen

    Sciences. Par Bastien O’Danieli

    Le combat des idées
    Circus politicus : quand les clowns font de la politique. Par François Bousquet

    Pascal Rostain : premier voyeur de la République. Propos recueillis par Pascal Eysseric

    La droitisation de la France en question : la parole à Eugénie Bastié Propos recueillis par Iseult Prullé-Rousseau

    Jérôme Sainte-Marie : le peuple n’a pas dit son dernier mot. Propos recueillis par François Bousquet

    La fièvre Carl Schmitt en Chine : les raisons d’un succès. Par Aristide Leucate

    Actualités Carl Schmitt, « Kronjurist » de la Révolution Conservatrice. Par Aristide Leucate

    Patrick Gilliéron Lopreno, méditations chtoniennes. Par David L’Épée

    Chaumont-sur-Loire : quand l’art contemporain sait être généreux. Par Alix Marmin

    Peter Watkins et la Commune, la Révolution ne sera pas télévisée… Par David L’Épée

    Laurent James, le rire de Fernandel, une bénédiction céleste. Propos recueillis par Pascal Eysseric

    La bibliothèque littéraire du jeune Européen. Par Anne-Laure Blanc

    Tyll Ulenspiegel, l’éternel retour du joyeux vagabond saxon. Par Gérard Landry

    Louis-Henri de La Rochefoucauld, du côté des Gilets jaunes. Propos recueillis par Nicolas Gauthier

    Georges Dumézil, heur et malheur d’une épopée intellectuelle. Par Thomas Hennetier

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    Penser l’égalité jusqu’au bout : comment le sociétal a vampirisé le social. Par Alain de Benoist

    Feu sur l’égalitarisme, les banderilles de Jean Cau. Par Pascal Eysseric

    Oui aux inégalités, non à la précarité. Par Guillaume Travers

    Jean Guilaine : aux origines des inégalités, le Néolithique ? Propos recueillis par Thomas Hennetier

    Sans violence, pas de réduction des inégalités. Par Thomas Hennetier

    Société marchande et égalité bourgeoise selon Marx. Par Denis Collin

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    Quand les choses nous utilisent . Par Slobodan Despot

    La leçon de philo politique : Vilfredo Pareto. Faiblesse et déchéance des aristocraties. Par Ego Non

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    C’était dans Éléments : L’esprit bourgeois. Par Alain de Benoist

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  • Vertiges écologiques...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré aux non-dits de l'idéologie écologiste.

    Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Il a également publié un manifeste intitulé France, le moment politique (Rocher, 2018).

     

    Saint-Laurent_Terre neuve_Labrador.jpg

    Vertiges écologiques

    Dans l’avion pour Washington DC. Avec plusieurs représentants de l’Union européenne, tous virulents promoteurs des accords de libre-échange aussi bien que du « Green Deal » — l’accord européen sur l’environnement, ces choses-là se disent mieux en anglais.

    Se couper du monde

    Beau temps sur la plupart du parcours, exceptionnelle vue de l’Irlande et de côtes que la tempête qui souffle à l’ouest ourle de blanc, panorama du Saint-Laurent entre Terre-Neuve et Labrador, puis de la côte de l’Ouest américain, Portland, etc. Aveu personnel ; j’aurai vieilli sans être rassasié de la beauté du monde. Mais je constate une fois de plus que tous et toutes ont dès le départ obscurci les hublots, pour se concentrer qui sur l’écran de bord qui diffuse films et infos, qui sur sa tablette ou son portable. Je me souviens avoir ressenti la même surprise quand l’avion vers Madagascar suivait le Nil, dans les plus beaux paysages d’Afrique, et que d’ignares représentants d’ONG de développement demandaient de fermer tous les hublots pour pouvoir s’anesthésier devant leurs tableurs.

    Se séparer du monde. Tenir pour futile l’émerveillement devant un paysage, une vague, un champ de glace sur la mer. Préférer l’écran numérique au soleil, aux nuages, à la forêt. Bref, s’installer dans le monde de l’artifice que construisent les industriels de la data, du spectacle et du contenu de cerveau disponible, au point de devenir insensible à ce qui, depuis des millénaires, est au fond de l’expérience humaine, de la joie de vivre, et de la perception du sacré.

    Rien de plus politique que cette expérience. Car elle donne le petit secret du dévoiement de l’écologie. Tout se passe comme si l’écologie devenait le moyen de punir ceux qui vivent près de la nature, ceux qui vivent avec, et de sanctionner ceux qui restent proches des phénomènes naturels, du gel précoce, des averses de grêle ou des orages d’été, ceux qui sont proches de la vie, de la mort, des saisons, des éléments, du risque et du hasard. Ceux qui savent qu’il faut tuer pour se nourrir, couper, arracher, récolter. Ceux qui savent qu’il n’est pas donné de survivre, et que rendre la nature bienveillante à l’homme est l’effet d’une extraordinaire culture, et d’un apprivoisement réciproque exigeant, rare, et fragile. Ceux qui savent enfin que le risque est partout, et qu’à la fin c’est la mort qui gagne. 

    Accepter le risque pour aimer la nature

    Nous voici sans doute au cœur du petit secret moderne ; ceux qui ne veulent plus mourir veulent en finir avec la nature. Une société qui n’admet plus le risque ne peut accepter la nature. Le compromis libéral, qui fait de la responsabilité la condition de la suppression du risque — qui n’est pas responsable est indemnisé, (voir Renaud Beauchard, « le droit contre l’environnement », à paraître à la Fondation ID) — s’épuise devant le risque naturel ; passe encore la gelée tardive ou l’averse de grêle, mais le dérèglement du climat, mais la stérilisation des terres, mais la dégénérescence humaine sont inassurables, et déjà le monde de l’assurance contemple avec effroi le monde du risque climatique qui est en train de naître, le monde d’avec la pandémie, d’avec la chute de la biodiversité, le monde d’avec les catastrophes technologiques qui est le nôtre — qu’est-ce que la pandémie de Covid 19, sinon la première grande catastrophe technique que nous connaissons.

    Une catastrophe sur laquelle le docteur Fauci et ses complices, les Fondations américaines qui ont sans doute financé des recherches de « gain de fonction » (augmentation de la dangerosité d’un virus) sur des virus à Wuhan en profitant de la porosité chinoise à des expériences ailleurs interdites, ont beaucoup à dire (audition devant le sénateur Ron Paul, Washington le 1er novembre 2021) ?

    Tout se passe plus encore comme si l’écologie entreprenait à sa manière de réaliser la grande séparation, celle des hommes d’avec la nature — nature comme sexe, et homme et femme ne sont plus que représentations du genre, nature comme vie, et 90 % des décès ont lieu à l’hôpital cachés aux enfants comme au monde, nature comme hasard et risque, et des États sont poursuivis devant les tribunaux pour ne pas éliminer le risque climatique, et de l’extension du principe de précaution aux évolutions de la nature à la protection du capital investi, le droit poursuit la tentative totalitaire de faire sortir la vie de l’aléa et du choix.

    Il suffit d’entendre à la COP26 les discours appelant à mobiliser les milliards de dollars de l’industrie financière, pour réaliser une transformation industrielle qui va permettre d’en finir avec l’attractivité de la Chine, comme les appels à un suivi individuel permanent sous couvert d’exigence sanitaire, pour en être convaincus ; c’est bien une prise de pouvoir qui se joue, et l’écologie devient une arme géopolitique — ou un prétexte.

    Une écologie de l’exclusion

    De l’interdiction de la chasse à l’expulsion des ruraux de leurs territoires, à commencer par le droit de circuler librement, de la spoliation des mêmes ruraux par la concentration des taxes et des impôts sur le monde réel — quel symbole que le choix de l’Impôt sur la fortune immobilière et de la suppression de tout impôt sur la fortune mobilière et financière ! — au commandement du nomadisme fait à tous ceux qui continuent à dire « chez nous » sur leur terre et parmi les leurs, le prétexte de l’écologie sert à tout, et d’abord à légitimer une nouvelle société d’exclusion.

    La figure des Indiens parqués dans des réserves et privés de tout ce qui faisait leur vie, de la chasse à leur organisation sociale, est l’une des plus actuelles qui soit, des zones tribales en Inde à l’Afrique profonde et du Xinjiang en Chine à la forêt amazonienne. Sommes-nous les Indiens du XXIe siècle ? Et le paradoxe est remarquable. Alors que l’écologie enseigne les mérites de la stabilité, de la longue durée, de la protection des écosystèmes contre les éléments extérieurs qui préserve leur diversité, l’écologisme au service de la globalisation veut que tout change, veut que tous changent, et entend que rien ne demeure de ce qui a fait la vie bonne.

    L’écologie contre les traditions, l’écologie contre l’unité des populations, l’écologie contre les frontières qui sauvent, l’écologie contre ces cultures rurales qui résultent de l’adaptation réciproque et séculaire des hommes à leur milieu, et de leur milieu aux hommes, voilà une saisissante inversion des valeurs et du sens ! Quel symbole que ces entreprises qui anticipent déjà les fabuleux marchés que l’artificialisation générale des conditions de vie, de la viande produite en laboratoire à la climatisation généralisée et permanente, et de la production des enfants en utérus artificiel à la substitution du monde numérique à l’univers physique et sensible, et ont déjà tout compris.

    La suppression de tous les services gratuits de la nature, à commencer par la splendeur des paysages et la disposition de l’eau, de l’air et de l’espace, pour poursuivre par la reproduction végétale, animale et humaine, fait entrer le simple fait de respirer, de boire et de se déplacer dans un univers d’accès et de services payants — et déjà, à travers les taxes sur les carburants, les ruraux paient l’air pollué des villes, à travers le prix de l’adduction d’eau et de dépôt des déchets agricoles et ruraux, ils paient l’espace stérilisé par l’industrie, le commerce et les infrastructures, comme à travers l’obligation d’isoler leurs maisons, ils paient le prix du mitage urbain des espaces ruraux. Celui qui rentre dans la ville de Bruxelles avec un diesel s’expose déjà à une amende de 350 euros, qui lui permettra en effet de circuler pendant trois mois — mais à quel prix ! 

    Chacun voit le caractère discriminatoire de telles mesures. Le Green Deal, la fuite en avant écologique, sont des disciplines à forte exclusion. Exclusion des ruraux, qui ont le tort de chasser, de fumer, de boire des bières et d’aimer manger de la viande ! Exclusion des petits Français, ceux qui prennent la voiture pour partir en week-end, ceux qui ne supportent pas la promiscuité des métropoles et aiment leur maison au milieu d’un jardin avec un garage, ceux qui font leurs courses au supermarché, mais aiment venir en ville le temps d’un dîner ou d’une sortie entre amis.

    Exclusion tout autant des pays « moins développés », qui comme par hasard sont souvent des pays à régime autoritaire, des pays qui croient à leur souveraineté et à leur personnalité, ce qui légitime de les exclure des contrats et des bénéfices du commerce international au nom de l’écologie mêlée de Droits de l’Homme !

    Et voilà la plus grande menace. Non seulement l’écologie devient haïssable, mais elle devient le prétexte par lequel les pays riches cherchent à sanctionner les pays pauvres. L’absence de cinq des plus grands dirigeants mondiaux au G20, l’inactualité désolante de la COP26 à Glasgow, ont bien montré l’impasse dans laquelle l’écologie politique au service de la globalisation enferme ses dévots. Ici encore, pour séparer radicalement l’écologie du business et du pouvoir, la prise de conscience est urgente, et l’appel à une nouvelle laïcité le plus actuel qui soit !

    Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 7 novembre 2021)

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  • Pouvoir d’achat, vraiment ?...

    Nous reproduisons ci-dessous un point de vue d'Hervé Juvin, cueilli sur son site personnel et consacré à la multiplication des pénuries et des hausses de prix depuis plusieurs mois.

    Économiste de formation et député européen, Hervé Juvin est notamment l'auteur de deux essais essentiels, Le renversement du monde (Gallimard, 2010) et La grande séparation - Pour une écologie des civilisations (Gallimard, 2013). Il a également publié un manifeste intitulé France, le moment politique (Rocher, 2018).

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    Pouvoir d’achat, vraiment ?

    Une école américaine prévient les parents, que pour cause de rupture des chaînes d’approvisionnement, elle n'est pas en mesure d’assurer les petits déjeuners, ni sans doute les déjeuners. Les parents sont priés de nourrir leurs enfants avant l’école. Et des restaurants français s’inquiètent du nombre de produits en rupture de stock, des citrons aux mangues.

    Dans plusieurs secteurs industriels, dont l’automobile, la pénurie de semi-conducteurs arrête les chaînes de montage et provoque l’arrêt des livraisons. Et les garagistes signalent une impressionnante hausse du prix de vente des véhicules d’occasion ; jusqu’à 25 % depuis l’été !

    Des pénuries qui s’installent

    En Grande-Bretagne, plusieurs des premières usines de fertilisants, ces produits chimiques utilisés pour rendre la terre féconde et favorable aux cultures, sont arrêtées, en raison des difficultés d’approvisionnement en gaz naturel. Ce qui conduit les agriculteurs à s’interroger sur la récolte de 2022, et les prévisionnistes à pousser des cris d’alarme ; après la pénurie d’électricité à l’hiver 2021-2022 (espérons que les stocks de la France suffiront !), faut-il préparer les pénuries alimentaires pour le printemps-été 2022 ?

    Ajoutons à ces informations la réouverture d’une centrale à charbon au Royaume-Uni pour pallier la déficience des éoliennes due au manque de vent en cet automne, et nous pourrons retourner la question dans tous les sens ; comment ne pas s’inquiéter, non seulement du pouvoir d’achat, mais de l’approvisionnement en denrées essentielles, vitales, stratégiques, pour 2022 ? Car tout indique que les ruptures de chaînes, les retards de livraison, les goulots d’étranglement sont là pour durer.

    Trois facteurs expliquent une hausse des prix à la consommation que les indices de l’inflation reflètent mal, une tension croissante sur les approvisionnements, et une dégradation rapide et sensible de la qualité de vie des Français et des Européens.

    Un modèle obsolète

    D’abord, des modèles d’affaires délirants, dont le meilleur exemple est le « zéro stock, zéro délai, zéro trésorerie ». Les entreprises qui distribuent toute la trésorerie disponible à leurs actionnaires, notamment en rachetant leurs propres actions, qui ont supprimé tous leurs stocks (comme la France l’a fait avec ses masques sur recommandation de l’OMS !) et qui travaillent à flux tendu n’ont pas mesuré le risque qu’elles couraient en cas de toute rupture de chaîne logistique, en cas de tension géopolitique, ou simplement d’accident d’exploitation ?

    Voilà pourquoi l’État — le contribuable ! — a dû intervenir aussi vite et aussi massivement ; pour assurer la trésorerie de fins de mois que les dividendes servis aux actionnaires avaient sorti de l’entreprise ! Et voilà comment ce sont les déficits publics, donc les contribuables présents et futurs, qui paieront pour des modes managériales non durables, non soutenables — mais tellement rentables à court terme ! Et voilà comment l’entreprise privée reporte ses risques sur la collectivité — car nos modes de vie sont en jeu !

    L’argent ne remplace pas la stratégie

    Ensuite, l’erreur stratégique majeure, qui ignore qu’il y a des secteurs, des produits, des entreprises stratégiques. À l’inverse de ce qui s’enseigne à Sciences Po ou dans les écoles de commerce, tout ne se résume pas aux comptes, à la valeur boursière et au TRI (taux de rentabilité interne). L’argent n’achète pas tout. Il n’achetait pas des masques, des vaccins, il n’achètera pas le magnésium ou les engrais, pas plus que les semi-conducteurs et les puces — parce que ce sont là des produits stratégiques, des produits où peuvent se jouer la vie ou la mort, la puissance ou la dépendance, et que ceux qui ne sont pas capables de produire eux-mêmes ce qui leur est nécessaire ont d’avance perdu les guerres qu’ils ne pourront pas livrer. L’intelligence économique est l’arme décisive dans la guerre économique qui a remplacé la guerre des armes — ou qui décidera du sort des armes, qui sait ?

    La folie « écologique »

    Enfin, le totalitarisme écologique. La réalité du dérèglement climatique est utilisée pour porter les plus violentes attaques que l’indépendance des Nations et les libertés individuelles aient connues depuis les socialismes autoritaires. Et ce sont bien à des démocraties populaires que ressemblent de plus en plus ces pays qui souscrivent au pass sanitaire, instaurent le contrôle numérique permanent des populations, veulent faire payer pour tout et par tous les services gratuits de la nature, et plongent tout droit dans une dépendance aux maîtres du numérique dont les Etats ne semblent pas mesurer à quel point ils sont la nouvelle menace totalitaire du moment.

    Au moment où la COP26 réunit à Glasgow un grand nombre de dirigeants venus se soumettre aux injonctions des ONG et des Fondations qui occupent la rue, mais aussi les médias avec des injonctions aussi péremptoires qu’infondées, il n’est pas inutile d’affronter les contradictions affolantes du système écologique qui se met en place, et qui aggrave les tensions déjà observées sur les prix, les approvisionnements, les modes de vie. Tout commence avec l’affirmation scientifiquement erronée qu’à problème global, réponse globale. Les écosystèmes ne sont jamais les mêmes, et la réponse aux changements du climat — qui entraînent ici ou là refroidissement ! — si elle doit être pertinente sera d’abord locale, elle sera choisie, et elle entraînera l’adhésion des populations concernées — ou bien son autoritarisme la condamnera. Tout continue avec le syndrome bien connu de celui qui cherche la pièce perdue là où il y a de la lumière.

    Rien ne justifie les oukazes portés contre la France, l’un des cinq pays les plus vertueux de la planète en matière d’émissions de CO2 (0,6 % du total, grâce au nucléaire !), l’un aussi de ceux qui a su le mieux préserver son territoire et ses côtes. Chacun le sait, c’est en Asie, c’est en Amérique du Nord et du Sud que se jouent les équilibres de la planète, et les privations de libertés, et les restrictions insensées exigées par le Green Deal n’auront que deux conséquences. D’abord ruiner des pans de l’industrie européenne et affaiblir l’Union, et surtout, fâcher durablement les Européens avec l’écologie. La protection de la qualité de la vie en Europe et la défense de nos territoires sont chose trop sérieuse pour être laissées à la Commission.

    Des migrants aux vaccins, les preuves de l’abandon européen ne manquent pas. Et pour finir, le hold up sur l’écologie par Fondations et ONG sert à tout, et d’abord à manipuler les consciences, pour cacher les réalités qu’il ne faut pas voir. Le vrai enjeu de l’écologie est d’en finir avec les chaînes logistiques qui font le tour de la terre, et de relocaliser massivement les productions ; c’est de réduire le commerce international par un découplage entre continents. C’est d’en finir avec le nomadisme des biens, des capitaux et des hommes qui procède à la grande expulsion de ceux qui sont d’ici et de chez nous, c’est de lutter contre des migrations de masse qui ne peuvent que converger vers les terres tempérées et détruire les équilibres écologiques construits depuis des siècles – non, la terre n’est pas à tout le monde, mais à ceux qui se sont battus pour la garder des invasions, la mettre en valeur et la rendre féconde.

    C’est d’en finir avec la liberté de mouvement des capitaux, qui conduit nécessairement à valoriser le moins-disant écologique, et c’est d’en finir avec le privilège insensé du capital protégé des politiques nationales et de la loi par les cours d’arbitrage qui l’immunisent des choix démocratiques. Et c’est de sortir de la globalisation par la prise de pouvoir des collectivités sur les territoires qui sont les leurs, et par la responsabilité familiale de la transmission d’un cadre de vie préservé, bienveillant et sain. Famille, territoire, frontières, démocratie ; rien ne saurait être plus éloigné du vocabulaire de ceux qui entreprennent d’en finir avec la démocratie par la peur, la fausse science et la vraie propagande.

    Le catastrophisme écologique et la panique pandémique s’ajoutent pour imposer aux Nations européennes des contraintes qui ne sont ni environnementales, ni sanitaires, mais qui servent l’agenda globaliste de nos pires ennemis ; en finir avec la liberté des peuples européens. Si l’Union européenne doit avoir un sens, c’est de rendre aux citoyens des Nations européennes le pouvoir sur eux, sur leurs terres et sur la technique qui leur a été enlevé. Et c’est de préserver cette qualité de vie qui a été leur apanage pendant tant si longtemps. Que le vertige qui saisit la COP26 devant les conséquences d’engagements aberrants le rappelle à ceux qui oublient si vite qui les a élus, et pour quoi !

    Hervé Juvin (Site officiel d'Hervé Juvin, 31 octobre 2021)

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